
France Culture,
une vitrine pathétique du système PS-UMP
Même si France Culture n'est plus la chaîne
de l'excellence pour tous (1963-1998†) mais désormais un fast food
culturel (1999-2006) [1], elle reste un microcosme bien-pensant très
instructif à étudier. En effet, cette chaîne dite publique
présente la particularité d'être depuis 1999 aux mains
d'une petite équipe constituée quasi exclusivement de proches
du parti socialiste et de l'Elysée. Comme de plus son budget reste
constant et qu'elle ne subit ni concurrence chinoise, ni pression publicitaire,
ni oukases bruxellois, on peut dire qu'elle constitue une vitrine idéale
du système de gouvernance PS-UMP, débarrassé de toute
distorsion extérieure. Nous verrons que sur les grandes questions
qui préoccupent aujourd'hui les français, le bilan de cette
gouvernance est particulièrement calamiteux.
L'augmentation du chômage à France Culture
Depuis 1999, date de prise en mains de la chaîne par Laure Adler
pendant la cohabitation Chirac Jospin, et jusqu'à aujourd'hui,
le chômage et la précarité ont très largement
augmenté à France Culture. Pour une raison très simple
: à budget constant l'embauche d'un proche de l'Elysée ou
de la gauche caviar, surpayé et souvent flanqué de son assistant
personnel, nécessite de "remercier" 3 ou 4 des producteurs
habituels de la station. Par ailleurs, on ne fera pas diminuer le chômage
dans ce pays en distribuant des emplois à ceux qui ont déjà
plusieurs emplois. Une autre anomalie du marché du travail de France
Culture réside dans l'excellence professionnelle des gens virés
depuis 1999 - en témoigne la rediffusion constante de leurs œuvres
- et l'amateurisme radiophonique des nouveaux venus. Il semble que dans
ce microcosme socialo-mondain acquis aux idées libérales,
la fameuse main invisible du marché peine à sélectionner
les meilleurs.
La montée des inégalités à France Culture
Dans son passé prestigieux, France Culture recrutait comme producteurs
des gens passionnés et cultivés de toutes conditions sociales,
mêmes les plus modestes. Sous l'impulsion de deux proches du PS,
Laure Adler puis David Kessler, la chaîne a pris l'habitude de recruter
quasi exclusivement dans un réseau mondain de gens fortunés
qui ont déjà de multiples et confortables sources de revenus.
Le français moyen n'a donc plus aucune chance de voir ses enfants
diplômés trouver du travail dans le "service public"
France Culture. À part bien sûr comme stagiaires ou encore
comme reporter pigiste plâtrier plaquiste chez Jean Lebrun [2], ce
qui semble d'ailleurs le destin de la classe moyenne dans la société
d'Ancien régime mise en place par le PS et l'UMP.
Si vous insistez néanmoins pour postuler, voici quelques exemples
des profils de producteurs recherchés par France Culture depuis
1999 : directeur du groupe Le Monde, directrice du Seuil littérature,
directrice de Normale Sup, président de la fondation de l'ENS, neveu
et nièce de président de la république, conseiller
d'Etat, filleul de Jack Lang, conseiller de Rocard, dirigeant du Figaro,
responsable des Inrocks, diplomate, fils de diplomate, fille de ministre,
épouse de millionnaire, copain de Sciences Po, playboy mitterrandien,
etc. Pour fixer en gros les idées, disons qu'à France Culture
il y a désormais des gens avec 15.000€ de revenus extérieurs
qui viennent cachetonner autour de 5.000€ pendant que les producteurs traditionnels
dépassent rarement 2.000€ mensuels.
Après ce paragraphe démagogique, insérons le traditionnel
chœur des vierges effarouchées du PAF : "Oh mon Dieu,
vous faites le jeu des extrêmes!"
Toutes ces remarques ne seraient que vain populisme si du moins cette petite
oligarchie si coûteuse pour les finances publiques produisait de
bonnes émissions. Hélas, être producteur sur France
Culture est un métier exigeant qui ne s'improvise pas et a peu de
rapport avec ces personnalités pressées qui viennent cachetonner
entre deux cocktails en pensant que l'art radiophonique consiste, comme
à la télévision, à pérorer des banalités.
Sur l'art de l'interview radiophonique, le regretté Alain Trutat
parlait de maïeutique, c'est à dire l'art socratique d'amener
l'invité à exprimer le meilleur de lui même [3]. Dans
ce rôle très difficile de médiation, le producteur
de France Culture ne doit donc être, ni un bavard narcissique, ni
un pipole qui pose des questions pipole, ni un prix Nobel incapable de
vulgarisation. Et puis, ces nouveaux producteurs mondains ont beau envoyer
des stagiaires enquêter en banlieue, on les sent complètement
coupés du pays réel, phénomène qui favorise
la propagation de toutes sortes de clichés bien-pensants à
l'antenne.
Sur les limites du système de cumul des emplois on lira avec profit
l'article du Canard Enchaîné du 22 novembre 2006 qui évoque
deux personnalités bien connues des auditeurs, à propos de
la crise actuelle de l'Ecole Normale Supérieure : http://bibli-ens.over-blog.net/article-4647981.html
L'éducation populaire en berne à France Culture
Après avoir longtemps résisté, France Culture autrefois
chaîne de la connaissance, favorite des autodidactes, a été
à son tour ravagée par la pédagogie de l'éloge
du bavardage, la même qui a dévasté la télévision
et surtout l'école publique depuis 30 ans et que le philosophe Jean
Claude Michéa [4] baptise fort justement "l'enseignement de
l'ignorance". De fait, on n'apprend plus grand-chose d'important à
l'écoute de la chaîne. A cet égard, la matinale de
France Culture constitue une expérience sensorielle extrême.
Tiré du lit à 6h58 par un histrion claironnant, l'auditeur
puni doit subir une rafale de chroniques enfilées comme des perles
: dès 7h15, messe de propagande économique version guignolade,
7h35 revue superflue de la presse superflue, 7h45 un porte-parole du Figaro,
8h15 un porte-parole de l'armée US, 8h30 un porte-parole du PS,
etc. Des témoins assurent que certains jours, on parle même
de culture. Malgré de beaux restes aux heures creuses, les heures
de grande écoute de la station sont souvent d'une stupéfiante
vacuité. Pas moins de trois "documentaires" en octobre
sur le coup de tête de monsieur Zidane, voilà un petit exemple
qui résume assez bien l'ambition intellectuelle de France Culture
désormais.
La violence sociale à France Culture
Depuis 1999, France Culture se plait à employer la lettre recommandée,
la pression salariale, le licenciement brutal ou la peur du licenciement
comme mode de management moderne par des élites branchées.
Evidemment ces méthodes musclées ne s'appliquent pas aux
amis du Château ! Les auditeurs n'ont pas oublié le renvoi
brutal des chroniqueurs Miguel Benasayag et Eric Dupin ou des producteurs
Bertrand Jérôme, Pascale Lismonde et tant d'autres. Pour résumer
la situation, on citera encore et encore Le Monde du 7 novembre 1999 :
"La situation est d'autant plus tendue que, pour la première
fois, on licencie brutalement dans une entreprise traditionnellement feutrée
et courtoise qui n'a jamais connu de telles méthodes de management".
On pourrait évoquer aussi la violence de la station vis à
vis de ses auditeurs. Dernièrement elle n'a rien trouvé de
mieux, à la demande de Mme Laure Adler, que de traîner un
auditeur en justice pour "injure publique" à propos
d'un banal dessin satirique. Lors de l'enquête préliminaire
aux frais du contribuable, DDFC et divers universitaires ou chercheurs
ont été convoqué comme témoins par la police.
Ainsi va la vie intellectuelle dans la France de 2006. [5]
En manière de conclusion
On pourrait parler aussi de la confusion des genres entre le service
public France Culture et ses multiples partenariats depuis 1999 avec des
grands groupes de presse privés. Partenariats croisés qui
font que par exemple la presse n'évoque jamais le saccage intellectuel
de France Culture. Bref, l'observation de cette chaîne dresse
un exemple pitoyable de l'action du système oligarchique PS-UMP.
Dans le vaste partage du gâteau institutionnel, il est visible que
les socialistes ont obtenu France Culture, à charge pour eux de
distribuer quelques prébendes à des proches de l'Elysée.
Ce que Pierre Bouteiller, ancien directeur de France Musique résume
ainsi : « Le pouvoir, de gauche comme de droite, a toujours
considéré que la télé et la radio étaient
des points de chute pour ses amis politiques. Ces incompétents développent
ensuite une véritable allergie aux vrais professionnels et les virent.
On ne s'en sortira jamais » (Libération 12 octobre 2006)
La recherche de pointe, l'intelligence dans tous les domaines sont l'avenir
obligé de l'Europe. Sur France Culture, on en est loin avec les
programmes pleurnichards actuels. Espérons que les français
auront en 2007 l'intelligence de renvoyer deux partis devenus parasitaires
après vingt-cinq années de sclérose dans les palais
de la République. Ainsi une vraie vie démocratique pourrait
émerger à nouveau dans le pays et par là même
peut-être provoquer la Renaissance de France Culture.
Défense de France Culture
30 novembre 2006
Adresse de l'article : http://ddfc.free.fr/vitrine.htm
Réagir sur le forum : http://ddfc.free.fr/forum
[1] La bien-pensance, le compassionnel, l'argent, le foot et les consoles
de jeux sont les préoccupations majeures de l'équipe actuelle.
[2] cf. interview du journaliste Jean Lebrun le 13 novembre 2006 sur France Culture
[3] entretien de DDFC avec le réalisateur Alain Trutat en novembre
2005.
[4] Jean-Claude Michéa est avec Michel Clouscard un des nombreux
philosophes dérangeants oubliés par la chaîne. Voir
http://sergbelh.club.fr/jcmichea.html
et http://editionsdelga.com/catalogue/c1/p5
[5] Le procès est fixé au 11 mai 2007. Voir http://ddfc.free.fr/proces.htm
et http://ddfc.free.fr/soutien.htm
Retour à la page
principale
Contact
|